10 août 2007

Une librairie proche des milieux d’extrême droite français installe un point de vente à Liège

« Se mobiliser pour combattre la banalisation des idées de la droite extrême !»

Sans pratiquement mener de campagne électorale, l’extrême droite a rassemblé plus de 6000 voix lors des dernières élections communales du 8 octobre 2006 à Liège. Alors qu’elle ne disposait plus de représentant au conseil communal sous la législature 2000-2006, l’extrême droite a refait ainsi son apparition à la Violette en 2006 avec l’élection d’un conseiller du Front National. Aux élections législatives du 10 juin dernier, l’extrême droite n’a pas franchi le seuil des 5% qu’elle avait pourtant frôlé lors des élections de 2003. Le résultat de ce dernier scrutin fut donc moins préoccupant. Toutefois, il faut regretter que le résultat cumulé des différentes listes d’extrême droite à la Chambre indique une légère progression en nombre de voix sur la Province de Liège.

Depuis la mi-juillet, les idées extrémistes viennent de trouver un nouveau terrain d’expression dans notre ville. La librairie parisienne Primatice qui commercialise les ouvrages de l’éditeur Dualpha, également diffusés par la société Francephi Diffusion et le site Internet Librad.com, lance un point de vente à Liège. Installée en Hors Château 58 (au coin de la rue Velbrück), dans un quartier historique appelé à devenir l’un des pôles de rayonnement culturel autour du futur grand musée Curtius, cette librairie se présente comme non-conformiste et anti-politiquement correcte. A la lecture du site Internet du promoteur du projet (www.philipperanda.com) et de ses déclarations dans diverses publications (1), ses affinités avec l'extrême-droite sont avérées. Il précise toutefois sur son site que sont écartés de son catalogue les ouvrages « qui tomberaient sous le coup des lois françaises et européennes … »

Selon le politologue Jérôme Jamin, spécialiste de l’extrême-droite à l’Université de Liège, les méthodes employées par Dualpha confirment l’idée de la « normalisation par la loi » (2) selon laquelle l’extrême-droite adapte stratégiquement son discours pour mieux contourner les législations anti-raciste, anti-discriminatoire et anti-négationniste. Parmi les ouvrages d’ores et déjà disponibles à la vente à la librairie Primatice à Liège, on retrouve un certain nombre d’auteurs issus de la nouvelle droite, de la droite identitaire et d’autres courants du même acabit. A égrener le catalogue de Dualpha et ses titres évocateurs (« La politique sociale du troisième Reich », « La Judéomanie », « L’Islam devant le National Socialisme », etc.), cette officine qui revendique le credo anti-politiquement correct mérite assurément celui d’antichambre de la haine.

La lutte contre les partis d’extrême droite et leurs idées dangereuses est plus que jamais d’actualité pour protéger la cohésion sociale de notre ville et la qualité de notre vie démocratique. Fort heureusement, Liège est l’une des villes belges où la mobilisation contre l’extrême droite sur les terrains politique, syndical, associatif, judiciaire, scientifique et journalistique a toujours été très vigoureuse et couronnée de nombreux succès.

Que peut-on faire aujourd’hui face à cette tâche noire qui assombrit la ville ? A minima, j’invite personnellement tous les démocrates à boycotter activement cette librairie. Dans un second temps, il conviendra, comme le recommandent les campagnes du Centre d’Action Laïque, des Territoires de la Mémoire ou de la FGTB, de mener une véritable politique de harcèlement démocratique et de ne céder aucune parcelle de terrain. Cela signifie aussi qu’il faudra entamer au plus vite une analyse juridique pointue afin d’évaluer si toutes les publications mises en circulation chez Primatice-Liège sont bien conformes à nos législations.

J’y reviendrai dans un prochain post.


Hassan Bousetta
Conseiller communal à Liège
Groupe PS

(1) « J'ai toujours assumé des idées politiques et des amitiés qui m'ont fait classer à “l'extrême droite” de l'échiquier politique. Je ne m'en suis jamais offusqué comme tant d'autres qui vivent dans la peur d'être “compromis” par une telle étiquette. Cela ne veut pas dire que je la revendique, puisque je refuse de participer au clivage politique “droite/gauche”. Je me définis comme un “nationaliste” européen (c'est-à-dire comme appartenant à une communauté de même “naissance”), fier de la civilisation française à laquelle je me rattache plus particulièrement et partisan d'un certain nombre d'options politiques (rétablissement de la peine de mort pour les criminels, droit du sang et donc préférence identitaire en matière d'emploi, lutte contre la ghettoïsation ethnique de notre continent - la société multiraciale est un leurre, il n'existe que des sociétés multiracistes, comme aux États-Unis d'Amérique par exemple -, etc.) », Pour consulter la source, cliquez ici.

(2) Lire la conclusion de Jamin, J. (2005) Faut-il interdire les partis d’extrême droite ? Démocratie, droit et extrême droite (Bruxelles/Liège : Editions Luc Pire/Les Territoires de la Mémoire). Voir aussi : http://www.parnasse.org/ouvrage3.html