22 novembre 2008

De Mitterand à Royal, du Congrès d'Epinay à celui de Reims


Mitterrand Epinay 1971

Le dimanche 13 juin 1971, je fête mes onze mois d'existence. Au même moment, à Epinay, François Mittérand monte à la tribune du Congrès du Parti Socialiste pour prononcer un discours qui restera gravé si ce n'est dans les mémoires, à tout le moins dans les annales de la gauche française. Survitaminé sur le plan idéologique et visant essentiellement à conquérir la gauche de la gauche, Mitterand avance un discours de rupture (Lire en cliquant ici). Dans un contexte social, intellectuel et universitaire marqué par un marxisme vigoureux et fougeux (et pourquoi ne pas le rappeler, souvent aussi très rigoureux intellectuellement), il avance une stratégie de conquête de l'appareil qui mobilise une rhétorique révolutionnaire: "(...) Violente ou pacifique, la révolution c'est d'abord une rupture. Celui qui n'accepte pas la rupture - la méthode, cela passe ensuite -, celui qui ne consent pas à la rupture avec l'ordre établi, politique, cela va de soi, c'est secondaire..., avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, il ne peut pas être adhérent du Parti socialiste."

37 ans plus tard, le PS français est au bord de la rupture ... interne cette fois. Le Congrès de Reims édition 2008 du PS vient en effet de se terminer sur fond de divisions profondes. L'amorce d'une crise économico-financière mondiale d'une ampleur inédite n'y aura pas changé grand chose. Pire, on aura même vu un prétendant malheureux au poste de premier secrétaire, mais néanmoins maire de Paris, se présenter comme candidat libéral ! Cette confusion idéologique y est certainement pour quelque chose dans la déroute de ce Congrès et dans le fait que l'on ait connu un dégré de défiance personnelle entre candidats rarement atteint. En attendant les résultats définitifs de l'élection au suffrage universel qui devra trancher la course à la tête du PS, et qui à nouveau pose davantage de problèmes de confiance que d'idées, je ne peux m'empêcher de penser que le PS français, tout comme notre PS, auraient avantage à réfléchir à la stratégie au long cours de François Mitterand. Dans les circonstances actuelles, réinvestir un discours de rupture sur le plan social et économique n'est-il pas la condition d'un retour en grâce des idées de la gauche et d'une reconquête idéologique face au (néo-) conservatisme, au Sarkozysme et au Berlusconisme? Ségolène Royal qui a pour elle d'avoir mieux compris que ses adversaires, l'importance d'une communication politique moderne, saura-t-elle jeter les bases d'une gauche offensive, ancrée, crédible, moderne et ambitieuse? C'est tout le mal que je lui souhaite, si elle devait finalement être investie au bout de cette nuit.

HB

PS: Il est 3h02, je ne peux pas attendre plus longtemps le résultat final. Je m'en vais dormir !