18 février 2009

Incident au Conseil communal de Liège sur l'éducation à la paix des jeunes liégeois

Suite à l'incident de séance qu'a suscité l'interpellation conjointe de Mme Véronique De Keyser et M. Hassan Bousetta lors du conseil communal de ce lundi 16 février 2009, je tiens à exprimer une série de réactions (*).

1- Le texte de l'interpellation qui a provoqué la réaction véhémente du conseiller Miklatzki (MR) s'en tenait à souligner, dans le respect des compétences de l'autorité communale, l'importance de quelques grands principes auxquels nous sommes attachés: la citoyenneté, l'éducation à la paix et le respect mutuel.

2- Nous regrettons qu'un texte d'appel à la paix et à la non-importation des conflits ait pu faire l'objet d'une réaction aussi agressive de la part d'un membre de l'assemblée communale.

3- Chacun pourra mesurer que l'interpellation initiale ne contenait aucun caractère offensant pour aucune des parties impliquée dans le conflit au Moyen Orient et encore moins à l'endroit des différentes composantes de notre population qui s'identifient à l'une ou l'autre des parties en présence (Voir texte de l'interpellation dans le post précédent).

4- Il est impératif de rappeler que l'interpellation ne mentionnait aucune référence à une appartenance communautaire quelconque. Elle insistait au contraire sur nos responsabilités sociales et notre appartenance à une citoyenneté commune. Il est regrettable que le collègue à l'origine de cette polémique en soit venu, dans ses réactions en séance et hors séance, à réduire notre jeunesse à l'appartenance ethnique de leurs ancêtres.

5- Cette interpellation faisait suite à un travail d'éducation à la paix mené auprès de jeunes liégeois des quartiers populaires à l'initiative d'une série de conseillers communaux, au premier rang desquels les auteurs de l'interpellation. Le refus de l'indignation sélective et de la r
écupération politicienne de la souffrance des populations du Moyen Orient est précisément l'un des messages qu'ils leur ont fait passer. Ce reproche n'est donc pas recevable. Quant à l'accusation selon laquelle cette approche serait de nature à favoriser la montée de l'extrême-droite en Israël, elle est tout simplement ridicule.

6- Nous regrettons enfin le fait que la
réaction de M.Miklatzki se soit faite de manière intempestive car en parfaite contradiction avec le réglement d'ordre intérieur du Conseil communal qui prévoit que les interpellations ne peuvent donner lieu à débat.

7- Si le bourgmestre a jugé utile de rappeler Mme De Keyser à l'ordre sur le fait qu'elle s'est très légèrement écarté du texte de l'interpellation, un rappel à l'ordre à tout le moins équivalent aurait été de circonstance à l'endroit du conseiller Miklatzki.

(*) Le texte de cette réaction a fait l'objet d'un courrier à l'attention du bourgmestre de la ville de Liège Willy Demeyer. Ce courrier à reçu le soutien des conseillers communaux socialistes suivants: Mehmet Aydogdu, Mohammed Bougnouch, Hassan Bousetta, Véronique De Keyser, Jean-Pierre Goffin, Jean-Pierre Hupkens et Fatima Shaban.

Contribuer à l'éducation à la paix des jeunes liégeois

INTERPELLATION

Conseil communal de la ville de Liège

Séance publique du 16 février 2009

Contribuer à l’éducation de tous les jeunes Liégeois à la paix, à la citoyenneté et au respect mutuel.


Véronique De Keyser
Hassan Bousetta
Conseillers communaux
Groupe PS

Monsieur le bourgmestre,
Madame et Messieurs les membres du collège,

La ville de Liège aime à rappeler dans sa communication externe qu’elle abrite plus de 140 nationalités différentes. La multiplicité des origines de notre population est incontestablement un signe de grande richesse culturelle. A travers nos concitoyens d’origine étrangère, le monde est à Liège et Liège rayonne partout dans le monde. Depuis plus d’un siècle, les nouveaux venus ont coexisté avec le reste de la population liégeoise de manière harmonieuse et paisible jusqu’à s’y fondre. Néanmoins, une ville multiculturelle moderne ne peut pas se résumer à une statistique de la diversité. Elle nécessite de la part des pouvoirs publics la mise en œuvre de stratégies visant à faciliter les contacts interculturels et la compréhension mutuelle.

Dans le monde d’aujourd’hui, cette coexistence harmonieuse est parfois mise en danger par des événements lointains. Les tensions et crises internationales peuvent en effet se transformer en conflits importés dans nos villes et nos quartiers. C’est une réalité mais il faut toutefois rester très prudent et mesuré dans l’approche de ce phénomène. Si nous acceptons d’ouvrir ce débat, nous refusons en effet de verser dans ce discours qui consiste à exagérer l’importance de ces conflits importés pour mieux stigmatiser les populations étrangères. Notre approche de la question vise à encourager la ville de Liège à appréhender ce débat avec nuance, en particulier dans le cas du conflit israélo-palestinien.

Pour rappel, le 9 janvier dernier, les Liégeois se sont mobilisés en masse pour exprimer leur solidarité avec la population palestinienne de Gaza. D’autres manifestations de solidarité se sont également exprimées sur le territoire communal. Si dans l’ensemble ces manifestations se sont déroulées dans le calme et le respect, on a pu également noter quelques cas, circonscrits, de comportements violents, agressifs ou haineux.

Ces réactions, que nous condamnons fermement, nous interpellent néanmoins dans la mesure où elles sont souvent le fait de jeunes qui trouvent dans les discours politiques radicaux une réponse à leur malaise identitaire et social. Il y a donc un travail particulier à mener au niveau du secteur de la jeunesse et de l’enseignement pour éviter une mauvaise importation du conflit. Tout l’enjeu est de favoriser, au niveau de notre jeunesse, l’éducation à la paix, à la citoyenneté au respect mutuel et de promouvoir l’apprentissage du dialogue et de la résolution non-violente des conflits.

D’autres communes en Belgique ont pris, en la matière, des initiatives qui méritent d’être relevées (accueil d’enfants Palestiniens dans les Ardennes pendant les vacances scolaires par la commune de Molenbeek, création d’un cyberespace pour permettre aux jeunes de communiquer avec des jeunes palestiniens à Viroinval, etc.)

Nous avons nous-mêmes contribué à alimenter une démarche de dialogue sur ces questions avec des jeunes liégeois au niveau de la société civile. Via cette interpellation, nous souhaitons encourager le collège à initier à travers sa politique de la jeunesse et de l’instruction publique des initiatives nouvelles visant à mieux faire connaître la réalité du conflit au Moyen-Orient, à sensibiliser les intervenants du secteur de la jeunesse et de l’enseignement sur la nécessité de dialoguer pacifiquement, à prévenir toute importation du conflit et à promouvoir des initiatives en faveur d’une paix juste, équitable et respectueuse de la légalité internationale